Le président de Samsung Electronics condamné pour avoir saboté des efforts syndicaux.




Lee Sang-hoon vient d’être condamné par un tribunal à Séoul, avec 25 autres cadres du géant conglomérat sud-coréen pour avoir transgressé, pendant des années, les lois du travail dans le but de restreindre l’organisation syndicale dans différentes filiales.


Le fondateur de Samsung, Lee Byung-chul, fit preuve de sa fureur lorsqu'on l'interrogeait sur la constitution éventuelle de syndicats d'ouvriers au sein de l'une des dizaines de filiales de son gigantesque groupe. Il y voyait une entrave futile aux aspirations industrielles de son conglomérat crée en 1938. cette vision reste la même après plusieurs décennies et après la mort du pionnier Byung-chul, les dirigeants du chaebol - notamment chez Samsung Electronics, le plus grand producteur de smartphones et de puces mémoire de la planète - ont systématiquement opéré pour écarter tout groupement syndical et même bâcler les projets d'association de leurs employés.


Mardi 17 Décembre, au fil d'une enquête initiée en 2013 et d'un procès très suivi en Corée du Sud, Lee Sang-hoon, le président de Samsung Electronics, a été condamné par un tribunal de Séoul à une peine de dix-huit mois de prison pour avoir exercé une pression sur les employés voulant créer un syndicat. Le vice-président de Samsung Electronics, Kang Kyung-hoon, a été soumis à la même peine. Les avocats ont été surpris par la demande d’emprisonnement immédiat des deux hommes.


Les procureurs qui poursuivaient les dirigeants de plusieurs entités du conglomérat ont dévoilé, à l'appui de documents internes, que le groupe avait procédé, au fil des années 2010, à des pratiques illégales pour dissuader les employés tentés d'organiser un syndicat interne au sein notamment de la division chargée des services aux clients, sous menace de baisser leurs salaires.


Ajoutant que, des enquêtes secrètes ont été menées sur la vie de leurs salariés, leur statut matrimonial, leur état financier ou leurs éventuels troubles psychiques afin de dégager des motifs susceptibles d'être utilisées dans des campagnes de pression. Le groupe a aussi annulé ses commandes à des fournisseurs estimés trop favorables au syndicalisme.


Afin d’atténuer l’impact néfaste de ce scandale, Samsung Electronics a publié ce mercredi matin un communiqué prudent dans lequel il dit « comprendre que sa perception et son traitement passé des syndicats d'employés étaient en désaccord avec les attentes de la société ». Ces dernières années, le géant de l'électronique a enchaîné les désillusions judiciaires dans plusieurs affaires et promis de revoir en profondeur sa gouvernance d'entreprise.


Les employés de Samsung ont réussi à obtenir l’autorisation de créer la première organisation syndicale du géant sud-coréen, donnée par les autorités locales de Suwon, la ville ou siège Samsung. Selon Ouest France, cette réalisation méritée après une grande lutte, marquera sans doute, les politiques du groupe, puisqu’elle profitera de la force de frappe dont dispose la puissante fédération de syndicats de Corée (FKTU).


Ces transformations dynamiques de Samsung ont été, en partie, poussées par Jay Y. Lee, l'héritier de la famille Lee qui exerce son contrôle sur le géant depuis sa création. Ce dernier, qui n'a pas de liens familiaux avec le président condamné mardi et ne porte officiellement que le titre de vice-président de Samsung Electronics, est lui-même jugé en ce moment, en appel, à Séoul dans une affaire de corruption des élites politiques du pays .il a été condamné en première instance, et a déjà passé une année en prison. Mais les procureurs considèrent que les charges qui pèsent contre lui ont été initialement sous-évaluées et qu'il mérite une condamnation plus sévère.


Néanmoins, ce scandale qui a frappé Samsung, n’a pas impacté les cours de son action en bourse. L'action du groupe a fini en hausse de 3,7 % sur la place de Séoul, le jour de la condamnation. Ceci revient au fait que les investisseurs ne semblent plus porter attention à ces rebondissements judiciaires et ne jugent plus la valeur de Samsung qu'à la croissance de ses ventes de mémoires DRAM et NAND.

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